Nous avons eu l’occasion de tester une imprimante 3D économique à moins de 1000 € HT

Nous avons eu l’occasion de tester une imprimante 3D économique à moins de 1000 € HT. Il s’agit de la Liquid Crystal 10″
Cette machine est basée sur une idée intéressante d’un point de vue économique : utiliser une dalle LCD de tablette 10″ comme source de lumière.
Pour fonctionner avec cette source de lumière, les matières utilisées sont des résines polymérisant à la lumière du jour et non aux UV comme la plupart des imprimantes concurrentes.

Si à première vue l’idée est séduisante, nous avons vite déchanté à l’utilisation.
L’ergonomie de la machine n’est pas vraiment adaptée à une utilisation professionnelle et la qualité d’impression est très décevante.

Parmi les points positifs on peut citer

+ Le prix, bien sur, c’est son principal argument, 900 € HT
+ large choix de résines, pas chères non plus (+/- 70 € / litre)
+ la machine est très silencieuse. Le bruit du moteur est à peine perceptible
+ les résines sont nettoyables à l’eau ce qui évite les manipulations d’alcool IPA comme avec les autres machines. Cependant la solubilité de ces résines n’est pas très importante et le nettoyage reste malgré tout un peu fastidieux.
+ La résolution Z en est 25, 50, et 100 µ suivant les résines, ce qui est dans les standards du marché

La première grosse déception vient de l’ergonomie générale de la machine. Dès l’ouverture du capot de protection quelques doutes apparaissent. Ce capot n’est pas sur charnière ou pivot et il faut le poser à coté de la machine quand on l’ouvre. Pas très pratique.
Le plateau apparait, guidé par 2 frêles colonnettes, et fixé par des vis molette, sans système d’indexation. Une simple pression du doigt sur le plateau suffit à le faire légèrement bouger …. Pas de bon augure pour la précision.
Pour des raisons économiques, il n’y a pas de mémoire ou de hardware de pilotage intégré à la machine. Elle doit obligatoirement être connectée en permanence à un ordinateur par 2 câbles, un HDMI pour l’image et un autre en USB pour les mouvements du plateau. Attention, l’écran ne doit pas être mis en veille et l’ordinateur doit bien sûr rester en permanence allumé pendant toute la durée de l’impression.
Le bac à résine n’est pas un bac rigide mais un simple cadre avec un fond formé d’un film transparent interchangeable qu’il faut fixer au cadre avec de l’adhésif double face et du scotch en faisant des plis dans les angles à la manière d’un paquet cadeau. Encore une chose qui ne fait pas très pro. On se demande d’ailleurs comment ce fond légèrement souple va pouvoir garantir un bon positionnement des couches quand on imprime dans les résolutions les plus fines.

Après cette découverte statique, on va pouvoir lancer une impression pour tester. Nouvelle déception avec le logiciel de pilotage de l’imprimante, qui visuellement fait très archaïque. Là encore le principal reproche vient de l’ergonomie : pas de supports du glisser / déposer pour importer les fichiers, pas de placement dynamique à la souris des pièces (translation / rotation), prévisualisation des couches (layers) quasiment inutilisable tellement c’est lent, et enfin impossibilité de sauvegarder un plateau d’impression pour le réimprimer ultérieurement.
Pour le test nous avons utilisé quelques modèles de bagues avec des supports fait dans RhinoGold. Ces modèles ont aussi été imprimés sur d’autres machines, sans aucun problème.

Après quelques soucis pour que l’imprimante soit bien reconnue par son logiciel de pilotage, l’impression démarre enfin. C’est très silencieux, mais aussi très lent. Comparée aux autres machines SLA ou DLP disponibles sur le marché, la vitesse d’impression est faible. Il faut compter environ 30″ par couche pour polymériser la résine et déplacer la tête ce qui fait qu’avec une résolution de 50µ il faut 4 à 5 h pour imprimer une bague, alors qu’on est en général autour de 1h30 – 2h avec d’autres machines.
Malheureusement après 2h, nous avons été obligé d’arrêter l’impression car visuellement les pièces n’était pas présentes sur le plateau. En effet, les supports étaient trop fins et n’ont pas pu être imprimé correctement.

En cherchant dans les spécifications, on s’aperçoit que la résolution de l’écran LCD de 10″ est de 1024×600, ce qui appliqué à une surface d’environ 200×100 donne des pixels de 0.2 mm de taille. Ce n’est pas terrible pour la précision en XY. Peu de chance de sortir les détails d’un bijou avec une telle résolution.

Nous avons donc fait un nouvel essai avec des supports beaucoup plus gros, et le lendemain matin les pièces étaient enfin sorties. Après nettoyage, analyse des résultats et nouvelle grosse déception : c’est très très grossier. Les couches s’empilent mal et il y a de gros décalage en XY entre les couches. Même les supports sont moches. Ils ressemblent à des cheminées de fées très déformées. Les détails des pièces ont disparu, ce qui n’est guère étonnant avec des pixels de 200µ, et la géométrie n’est pas régulière.

En résumé, c’est une machine qui pourrait satisfaire un geek qui veut découvrir l’impression 3D, mais elle n’est pas adaptée aux métiers de la bijouterie. Tant par son ergonomie que par sa précision ce n’est pas une machine professionnelle.

Arnaud Collin